

Angleterre, 1980 | Drame
Réalisé par Franco Rosso avec Brinsley Forde, Karl Howman , Trevor Laird , Maggie Steed , Mel Smith
Résumé : Le jeune rasta Blue est perdu dans une société anglaise qui ne le comprend pas, pas plus qu’elle n’a réussi à assimiler sa vague d’immigration jamaïcaine depuis la décolonisation de l’île, en 1962. Chômage, policiers racistes, voisins et patrons xénophobes. Une oppression permanente que Blue évacue au micro de son sound-system, une gigantesque sono faite maison, avec le rêve secret de devenir le “sound” le plus couru de Londres. Mais sur sa route se dresse un obstacle de taille : le King de cette scène, le redouté Jah Shaka…
Sorti et diffusé en avant-première en 1980 dans le cadre de la Semaine de la Critique à Cannes, le premier film du réalisateur Franco Rosso tourné en 6 semaines dans le quartier très sensible à l’époque de Brixton, sera interdit de diffusion pendant de longues années en Angleterre et aux Etats-Unis car jugé incitant à la haine raciale. Pourtant, c’est un regard nécessaire qui est posé sur le quotidien des Afro-caribéens, marqué par le racisme et les violences physiques et psychologiques dans les années 80 – début de l’ »ère Thatcher » qui aura pour conséquence une forte période de chômage dans les milieux les plus précaires.
Abordé presque comme un documentaire social, ce film fait claquer chaque scène au rythme d’une bande son prenante, englobant toute une réflexion autour de la force des communautés prêtes à faire entendre leurs voix à grands coups de sound-system.
Le récit est celui du crew d’Ital Lion qui se dépatouille pour avoir les meilleurs morceaux importés de l’île et se faire une place dans le milieu du sound-system londonien. S’ils doivent faire face au très implanté guerrier du dub Jah Shaka (dans son propre rôle), ils doivent également faire face à une population locale très ouvertement xénophobe.
This is my fucking country lady, and it’s never been fucking lovely, it’s always been a fucking shit for as long as I can remember »

Restauré et distribué en France par les films du Camélia, « Babylon » déborde de l’énergie de la jeunesse et pose un regard engagé sur une société anglaise qui pendant longtemps a rejeté ses propres concitoyens. Les acteurs choisis imposent leur charisme à l’écran et donnent une réelle force à leur personnage. L’intemporalité du film fait dialoguer le sujet des discriminations raciales et des violences policières qui résonne particulièrement aujourd’hui à l’heure du mouvement international « Black Lives Matter ».

Après avoir été victime de violences policières dans la plus grande des indifférences, c’est la voix du peuple qui sort du micro de Blue (Brinsley Forde) qui clôturera le film par un véritable cri de rage « We can take no more » C’est également le début d’une révolution musicale que l’on pressent face au rock anglais. Le tout saupoudré d’humour qui fait voler en éclats les désillusions de la génération Windrush dans le bouillonnement de la musique jamaïcaine.