

Angleterre, octobre 2020 | Drame, horreur
Réalisé par Remi Weekes avec Wunmi Mosaku et Sope Dirisu
Résumé : Après avoir fui les horreurs de la guerre au Soudan du Sud, un jeune couple de réfugiés peine à s’adapter à la vie dans une ville anglaise rongée par un mal profond.
Le premier film du jeune réalisateur anglais, Remi Weekes présenté en 2020 au festival Sundance, est resté assez discret lors de sa sortie sur Netflix. Et pourtant, His House fait parti de ces films qui mettent en contraste l’horreur des images et la presque poésie des propos qu’ils dévoilent et rappelle les black horror movies à la Jordan Peele. Ce long-métrage, dont la mise en scène provoque des montées en tension angoissantes et bien rythmées, prouve qu’entre horreur et beauté il n’y a qu’un pas.

Le film expose une palette de personnages effrayants qui viennent réveiller nos peurs des fantômes, d’autant plus qu’ils sont cachés dans les murs de cette maison londonienne riche en symboliques où les craquements rappellent ceux d’un bateau de fortune qui sombre dans les profondeurs des mers.
L’ouverture nous parachute au cœur de la guerre civile qui touche le Soudan du Sud et qu’essayent de fuir Rial et Bol, personnages interprétés par Wunmi Mosaku et Sope Dirisu. Le couple, rescapé et tout juste installé dans un quartier labyrinthique et peu accueillant de Londres, est en proie à faire un deuil tumultueux de leur fille Nyagak, noyée lors de la traversée pour rejoindre les côtes du pays. Le scénario de l’horreur par l’horreur est admirablement renforcé par des cadres spatiaux-temporels, vertigineusement artistiques, entremêlés de va-et-vient entre les souvenirs d’un passé tragique et ses répercussions dans un présent en reconstruction.
L’évolution psychologique du couple, au même titre que les murs de la maison, deviennent les témoins d’un chaos quasi-diabolique. Leurs différentes manières d’affronter les erreurs du passé, progressivement les sépare et les mènent vers la folie pour l’un et l’acceptation pour l’autre.

Comme un hommage aux morts en mer, aux survivants des guerres qui poussent les populations au déracinement, His House porte une succession de symboles déstabilisants et magnifiquement effrayants. Le cinéaste Remi Weekes dresse du début jusqu’à la fin une multitude de tableaux qui tanguent entre la folie et le réel dans ce drame social intelligemment mené poussant à la compréhension de l’autre.