Actualités, Films

« La Nuée », Just Philippot

France, juin 2021 | Drame, fantastique

Réalisé par Just Philippot avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne

Résumé : Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

Après une série de courts-métrages, le réalisateur français Just Philippot pose son objectif sur le scénario de Jérôme Genevray et Franck Victor où, dans un mélange de styles s’installe progressivement une atmosphère lourde qui sait passer du drame familiale au fantastique sur fond de sacrifice et problématiques environnementales.

La Nuée, c’est le portrait d’une femme moderne qui vit seule avec ses deux enfants après le suicide (que l’on présume) de son mari et qui se bat pour faire vivre son exploitation face aux difficultés quotidiennes. Comme le titre le sous-entend, c’est le calme avant la tempête. Virginie, interprétée par Suliane Brahim, travaille la sauterelle pour en faire de la farine et la vendre à d’autres éleveurs. Une thématique aux enjeux écologiques actuels car comme le personnage le dit « bientôt il n’y aura plus rien à bouffer et personne ne s’en rend compte ».

Le scénario progresse de manière à montrer une lutte vitale qui tourne à l’obsession. Ici, le réalisateur pose aussi un regard sur les deux enfants et particulièrement sur la jeune adolescente Laura, remarquablement jouée par Marie Narbonne, plus ou moins en rupture avec la vie de sa mère. Comme symbolisant les générations futures, la vraie question posée ici est jusqu’où une mère est prête à aller pour assurer l’avenir de ses enfants?

Comme une vague prête à s’abattre sur cette maison qui n’a plus rien de familiale, les sauterelles, prennent une place de plus en plus importante à l’image mais surtout dans l’ambiance sonore. Un bruit invasif et constant semblable à des cris où ces insectes deviennent des monstres de la terre assoiffés de sang et de reproduction. 

Et vient soudain le moment de bascule où les rôles s’inversent. Ce sont les insectes qui prennent le contrôle sur l’humain jusqu’à des actes de folie et de sacrifice corporelle. La course au rendement pour des sauterelles prêtes à tout dévorer sur leur passage.

Philippot signe ici le pari réussi d’une réalisation progressivement angoissant, parfaitement maîtrisé et qui arrive, après le visionnaire du film à marquer les esprits. C’est un film arrive à provoquer une gène physique et auditive dévorante chez le spectateur en miroir des personnages et qui se poursuit au delà du visionnage. J’ai eu la sensation avec La Nuée d’un film aux allures singulières tourné vers l’idée de dévotion et qui nous porte tel un torrent vers un final spectaculaire.


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